Larmes de verre (2022)

photos: Milena Buckel

Des larmes figées sont déposées dans un bénitier – l’autre nom donné au « tridacna gigas », un des plus grands mollusques répertoriés dont la gigantesque coquille est utilisée, à partir de la Renaissance, comme bénitier dans les églises (particulièrement dans les églises riches, qui ont les moyens de se procurer des objets exotiques).

Au VIIe et VIe s. avant JC, un artisanat utilisant des coquilles de tridacne, gravées et incisées, se développe en Phénicie ; ces objets s’exportent et se retrouvent principalement dans des sanctuaires dédiés à des divinités féminines, et parfois, comme sur l’île de Rhodes, dans des tombes de femmes. 

Aujourd’hui, certaines espèces sont considérées comme vulnérables, voire en danger d’extinction, en raison de la surpêche. Le mollusque vit dans les eaux tropicales et peut atteindre un âge très avancé. C’est un hermaphrodite simultané qui peut produire des perles non nacrées et très irrégulières. Sa coquille peut faire allusion aux diverses représentations de Vénus.

Les larmes sont composées d’un verre de cristal provenant de la verrerie de Lauscha, village allemand de l’ex-DDR dont ma famille est originaire. Ce verre est habituellement utilisé dans le processus de fabrication d’yeux de verre, pour imiter la cornée de l’oeil. Pour former une goutte, la matière doit passer par la flamme d’un chalumeau avant de couler, refroidir et se fixer.

La goutte (de pluie) est un trait d’union entre ciel et terre. Le verre est aussi une goutte, car bien qu’apparemment solide, il reste en réalité liquide – simplement figé ; cette tension est rendue évidente avec le phénomène dit des « larmes de verre », duquel l’installation tire son titre.

300 larmes de verre, tridacne géant (résine).

installation

2022
Espace ContreContre, Monthey

Category

Verre